(Compte rendu d'une conférence
qui a eu lieu à
l'école Vétérinaire d'Alfort le 6/03/2003)
L’herpès virose est une
maladie contagieuse due à la présence d’un herpès
virus spécifique du chien (CHIV), se traduisant cliniquement
par de la mortalité néonatale ainsi que des troubles
au niveau de la reproduction (avortement ou infertilité)
ou des épisodes de toux de chenil.
En France, près de 50 % des éleveurs hébergent,
sans le savoir, des sujets reproducteurs atteints d’herpès
virose canine. Présente partout dans le monde, elle est une
source de préoccupation des éleveurs.
Les animaux les plus sensibles sont les femelles gestantes en fin
de gestation ainsi que les chiots de moins de trois semaines. Tous
les chiens peuvent en être atteints dès lors que leur
organisme est soumis à un stress comme la malnutrition, des
transports traumatisants ou la surpopulation en élevage canin
ainsi que des variations de température importantes. On peut
également citer l’administration de corticoïdes.
Cette maladie a un côté particulièrement sournois
car elle est, la plupart du temps, inapparente et a pour conséquence
que de nombreux animaux, apparemment sains, sont contaminés
bien que ne développant pas la maladie.
Les
symptômes
Le virus, bien qu’il puisse
toucher les chiens de tout âge, ne s’exprime cliniquement
que chez le chiot de moins de trois semaines ou chez des reproducteurs
qui présentent des troubles de la reproduction.
• Chez l’adulte
Les symptômes sont
extrêmement discrets et le plus souvent inapparents puisqu’ils
se traduisent par des lésions papulo-vésiculeuses
transitoires sur l’appareil génital externe. Ils peuvent
se traduire également par des douleurs à la saillie
dues à la présence des lésions ainsi que des
épisodes d’infertilité de moins en moins caractéristiques
selon la parité.
• Chez le chiot
Ce sont les signes digestifs qui apparaissent en premier. Les selles
sont peu abondantes, sans odeur particulière et verdâtres.
Des vomissements peuvent apparaître mais le chiot semble bien
portant avec un appétit normal puis, brutalement, il souffre
de fortes douleurs au niveau de l’abdomen. Ensuite, ses mouvements
deviennent non coordonnés et il perd l’équilibre.
La mort survient entre 24 h et 48 h après la naissance, parfois
4 à 5 jours plus tard.
Lorsque le chiot est plus âgé ou s'il s'agit un adulte,
peut s’installer 48 h après l’infection par voir
oro-nasale, une rhinite ou une pharyngite sans fièvre qui
guérit généralement de façon spontanée
au bout d’une ou deux semaines. Enfin, on observe plus rarement
des troubles oculaires (kératite, irido-cyclite).
Diagnostic de suspicion
Tout épisode de mort néonatale
dans les premiers jours de la vie des chiots doit faire penser à
une primo infection herpétique. Le diagnostic n’est
toutefois pas aisé du fait que de nombreux infectés
latents sont séronégatifs. Un problème d’infertilité
ou de faible prolificité en élevage doit inclure l’hypothèse
d’une infection de l’élevage par le CHV ; les
lésions génitales sur des reproducteurs doivent être
examinées avec soin de même qu’un syndrome de
toux de chenil peut également orienter vers une suspicion
d’herpès.
À l’autopsie, des foyers hémorragiques sur les
poumons peuvent signer un diagnostic d’herpès.
Diagnostic
de certitude
• Sur les adultes
Un examen des muqueuses vaginales ou prépuciales ainsi
qu’un prélèvement de sperme peuvent donner des
certitudes.
• Sur les chiots
l’isolement du virus est très délicat et n’est
possible que si les prélèvement ont lieu dans les
deux heures qui suivent la mort du chiot.
Pronostic
Il s’améliore avec l’âge du chiot. Ceux
qui en réchappent peuvent garder des séquelles rénales,
pulmonaires ou nerveuses. Pour la lice reproductrice, lors d’une
gestation suivante, les anticorps colostraux peuvent protéger
les chiots de la maladie mais pas du portage et de la ré-excrétion
virale.
Traitement
Il est illusoire chez le chiot, une fois la maladie déclarée
mais, pour les chiots à risque, l’éleveur pourra,
dès la naissance, tenter de les sécher pour réduire
la baisse de température liée à l’évaporation
du liquide amniotique ou au léchage de la mère et
surtout, maintenir les chiots dans une couveuse à forte hygrométrie
entre les tétées (ou sous une lampe chauffante).
Il faut en effet, dans la mesure où le virus ne survit pas
à partir d’une certaine température, maintenir
impérativement le chiot au dessus de 37° tout en sachant
que la réplication virale est maximale entre 35° et 36°
; La température des locaux doit être maintenue à
la naissance à 31° et baissée régulièrement
jusqu’à 22°C vers la troisième semaine.
Lorsque le chiot est atteint d’hypothermie, un passage de
trois heures à l’incubateur (38°7) avec une hygrométrie
supérieure à 80 % obtenue en y plaçant un verre
rempli d’eau, permet d’éviter la paralysie intestinale
et le rejet par la mère ; le gavage à la sonde oesophagienne
doit, pour cette raison toujours suivre le réchauffement
et non le précéder.
Prévention
Le virus est extrêmement fragile
dans le milieu extérieur et sensible à tous les désinfectants.
Les infections concomitantes comme les diarrhées virales
ou la toux de chenil sont connues pour leur rôle favorisant
l’extension de la maladie. La dissémination virale
par voie aérienne, bien que mineure, est difficile à
contrôler.
La prévention de la transmission vénérienne
reste délicate. En effet le fait que l’étalon
soit séronégatif ne prouve pas formellement qu’il
n’ait jamais été en contact avec le virus. En
revanche, une séropositivité atteste de façon
formelle du portage latent.
Au moment de la saillie une sage précaution consiste à
extérioriser complètement les bulbes érectiles
hors du fourreau afin de vérifier l’absence de lésions
papuleuses et éviter d’utiliser pour la reproduction
un étalon qui présenterait des douleurs génitales
ou des troubles respiratoires.
Les inséminations artificielles diminuent le risque de transmission
mâle/femelle sans les supprimer totalement. En revanche, elles
suppriment totalement le risque femelle/mâle puisque le contact
de muqueuse à muqueuse est alors supprimé.
La désinfection de l’appareil génital des partenaire
s’avère également assez décevante car
elle n’atteint pas tous les virus et risque de s’avérer
spermicide. Il est toutefois conseillé d’utiliser un
produit d’hygiène non spermicide. Il est également
conseillé d’isoler les lices trois semaines avant et
trois semaines après la mise-bas dans une maternité
qui sera traitée, à cette occasion comme une quarantaine.
Le vaccin
Les tentatives de vaccination se sont
longtemps soldées par des échecs du fait que le virus
était trop faiblement immunogène mais, très
récemment, un vaccin a été mis au point ; il
s’agit d’un vaccin un peu particulier qui ne s’applique
que sur les chiennes en reproduction et qui n’est disponible
que sur le marché européen. Il s’agit d’un
vaccin à sous-unités virales purifiées.
Ce vaccin induit une séroconversion chez la chienne gestante
avec un pic d’anticorps neutralisant le CHV au moment de la
mise-bas. Ce vaccin se fait 10 jours avant ou après la saillie
puis 10 jours avant la mise-bas et permet de protéger les
chiots nouveau-nés par l’intermédiaire des anticorps
colostraux d’origine maternelle mais il doit être répété
pour chaque épisode de reproduction.
Il protège en fait le chiot, grâce au renforcement
des anticorps maternels contenus dans le colostrum, et lui permet
de passer la période où le risque est maximal, c’est
à dire les premiers jours de la naissance.
Ce vaccin est également utilisable dans les élevage
infectés pour stimuler l’immunité naturelle
des chiennes en période de réactivation virale (chaleurs,
mises-bas).
En conclusion
il est couramment admis qu’il serait illusoire et inutile
d’écarter tous les sujets susceptibles d’être
contaminés par le virus de l’herpès virose d’autant
plus que le statut sérologique des chiens n’est pas
facile à établir.
Il est préférable de surveiller les chiots à
risques dès leur naissance en maintenant une température
de 37° et de pratiquer l’insémination artificielle
de façon systématique.
Par ailleurs, le vaccin récemment mis sur le marché
constitue une avancée pour faire sortir du cauchemar un certain
nombre d’élevages confronté à ce virus
même si son éradication est absolument impossible et
qu’il faut l’intégrer dans le paysage de l’élevage.
©O. B.
Cet article vétérinaire
a été lu et approuvé par le Dr
Philippe Pierson, co-auteur du Guide pratique de l'Elevage canin paru aux Éditions Fontaine.